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L'écho des Vignerons Landais

Sud-Ouest: Article paru le 9 mars 2004 (page 8)

L'accent, pas les sabots

VITICULTURE. Les vignerons landais maintiennent contre vents et marées une culture ancestrale, jadis florissante.

Les Landes étaient autrefois un vrai pays de vins. Non point de grands crus, mais de petites vignes familiales, presque potagères, d'où le propriétaire savait pouvoir tirer un coup à boire bien frais quand un copain passait le voir. On faisait son vin comme on faisait son pain. Puis, vers le milieu du XIX ème siècle, l'oïdium et le mildiou mirent à mal le vignoble. En 1863, du côté des vins de sable, de Messanges, les surfaces passèrent de 150 hectares à 30. On en compte tout juste 15 aujourd'hui...

Mais c'était moins dans les sables, fussent-ils fauves, que dans les côtes argilo-calcaires et les éboulis pyrénéens que l'on cultivait la vigne. Déjà une notion de terroir... Les cépages de l'époque étaient le claverie, le cap-breton (cabernet franc), le bordelais (sémillon) ou le picpoul (folle blanche). Le Tannat s'appelait mostrous et le chenin, tite de crabe! Et, de Sanguinet à l'Adour, on savait palisser les ceps du grand-père comme à Saint-Emilion: "Ces échalassières étaient la fortune et l'orgueil de la Chalosse au XVIII ème siècle", écrit un historien du temps.

2600 hectares. On compte à ce jour 2600 hectares de vignes dans le vaste département des Landes. L'essentiel du vignoble se répartit en trois zones: l'Armagnac, la Chalosse et le Tursan. Malgré son ancienneté, la vigne ne "pèse" que 2% du chiffre d'affaires de l'agriculture landaise. Le canard, l'asperge, le maïs et la carotte sont loin devant.

Le premier producteur de vins est la coopérative des Vignerons de Tursan, à Geaune. Elle fédère 130 adhérents, qui cultivent 450 hectares. La production était de 1 million de bouteilles, avec un volume en forte hausse du petit vrac en BIB (bag in box). "C'est un vieux vignoble paysan de polyculture", raconte Jacques Lafenêtre, président du Syndicat viticole. "L'adhérent est éleveur de volaille ou maïsiculteur; la vigne est un complément pour lui. Elle est plantée sur des coteaux face au sud, dans les petites vallées des affluents de l'Adour. Ici le vin a de l'accent mais pas de sabots..."

La coopérative tire une partie de ses revenus des six magasins qu'elle possède dans la région. Sa production, globalement répartie en un tiers de rouges, un tiers de blanc et un tiers de rosés, y trouve des clients fidèles. Le reste est lié au tourisme local. "'Notre débouché, c'est l'art de vivre à la landaise", affirme avec un grand sourire le président Lafenêtre.

Fusion. La cave de Geaune a fusionné en 2000 avec celle de Chalosse, qui maintient l'ancestrale viticulture des cantons de Mugron et de Pouillon. On y compte quatre producteurs indépendants seulement, et deux à Tursan, dont Michel Guérard, qui concocte au château Bachen l'un des tout meilleurs vins des Landes. Vins de pays, floc de Gascogne et armagnac sont les autres productions viticoles du département.

Dans un marché de vin chamboulé par l'irruption du marketing et de la mondialisation, les Landais gardent leur sérénité et restent zen sous le béret. Ils cultivent toujours leurs vieux cépages (fer servadou, tannat, manseng, baroque) et gèrent leur patrimoine en pères de famille. La coopérative de  Tursan affiche 5 millions d'euros de chiffre d'affaires et n'a pas hésité à investir 1,6 million d'euros l'an passé pour moderniser ses chais.

Quant à la viticulture du XIX ème siècle, elle est forcément un peu oubliée. Toutefois, çà et là, dans un airial bien tenu, un vieux du pays vous dira que la belle treille de son auvent est antérieure au phylloxéra...

Didier TERS

Sud-Ouest: Article paru le 21 février 2004 (page 3)

Opération Séduction

VIGNERONS. Pour faire face à une baisse des ventes, la coopérative de Tursan/Chalosse va muscler sa politique commerciale.

Comme un symbole, c'est sur les hauteurs de Chalosse, à Mugron, que les Vignerons Landais (nouvelle entité née de la fusion des producteurs de Tursan et des Coteaux de Chalosse désormais groupée sur un seul site à Geaune) ont tenu leur assemblée générale jeudi dernier. Heureusement pour Francis Descazeaux, successeur de Jean Sarramagnan à la présidence, cette réunion de travail fut bien plus consensuelle que l'an passé. Non pas que la situation du vignoble landais soit bien meilleure. Comme en témoigne l'exercice 2003, marqué par de nombreux soubresauts: marché complexe et hyper concurrentiel, campagne anti-alcool, naufrage du "Prestige", désaffection des touristes, temps peu propice. Conséquences: la production en volume a diminué de 13,8% (27 539hl contre 30196 en 2001), les ventes fléchi de 3%. "En revanche, grâce à ses réserves et à une politique volontariste, notre entreprise a pu garantir des prix d'achats stables à l'ensemble de ses coopérateurs", a souligné le président Descazeaux. Ceci expliquant en partie que les comptes annuels aient été clôturés avec une perte de 123 235 euros. Pour autant, la reconnaissance par les professionnels de la qualité de la gamme des produits (cinq médailles au Salon de l'Agriculture 2003 et plusieurs citations au Michelin), égaye un peu le tableau. Toujours est-il que, sans être calamiteuse donc, la situation du vignoble landais a fait poser à ses acteurs (350 au total) les questions sur l'attitude à adopter à l'avenir.

Elargir la zone de chalandise. "Il faut rassembler les volontés et dynamiser la coopérative en construisant un projet motivant pour les jeunes", a plaidé Francis Descazeaux, affichant un optimisme raisonné. Car ce dernier sait que, pour rectifier le tir, il n'y a pas de secret. Il faut vendre plus. Sur ce point l'assemblée est unanime. Mais comment faire? "En valorisant les acquis de la cave", répond simplement Fabrice Chaudier, expert en marketing - vente dans le milieu vinicole. Chiffres à l'appui, il a commencé part rassurer l'assistance: "On dit partout que le vin est en crise, alors qu'entre 1994 et 2001, la consommation n'a cessé d'augmenter dans des catégories appellations contrôlées et VDQS (vins délimités de qualité supérieure) et dans des créneaux de prix correspondant exactement aux vins produits ici." Mais si la clientèle est là, reste encore à la fidéliser. Pour y réussir, une politique commerciale agressive et percutante s'impose. "Aujourd'hui 75% des débouchés de la coopérative se situent dans le sud-ouest et dépendent en grande partie des touristes, explique le spécialiste. Ces consommateurs là ne demandent qu'à retrouver vos vins dans leurs linéaires, qu'ils soient à Brest ou à Paris. Pour cela, il faut aussi être capable de répondre à la demande et garantir une qualité constante."

"Objectif 2010". Dans cette optique, les lourds investissements (1,6 M d'euros) consécutifs à la fusion du site de Geaune et Mugron (pressoirs pneumatiques, filtre rotatif sous vide, thermo-vinificateur...) ont déjà permis de privilégier la flexibilité des différentes vinifications, de sorte que la sueur des hommes de terrain soit valorisée et prolongée en cave. Par ailleurs, la norme Agriconfiance, obtenue en fin d'année dernière et concernant près de 40% des cépages, constitue un premier pas vers une démarche qualité plus large. Vers la future AOC, "qui nous permettrait d'affirmer encore plus fort notre appartenance aux bons produits gastronomiques des Landes", souligne le président Descazeaux, laissant le soin à son directeur Jean-Marie Comptier d'exposer les grandes lignes du projet "Objectif 2010".

D'ici cette date, les Vignerons Landais souhaitent notamment avoir augmenté leur potentiel de vente de 6 000 hectolitres en Tursan et de 3 500 en vin de pays. Pour 2004, ils espèrent voir les ventes progresser de 13%. Un pari qui pourrait être plus facile à tenir qu'il n'y paraît, la récolte 20032 (31 672 hl soit un apport égal à celui de 2001) s'étant révélée exceptionnelle, avec des sauvignons aromatiques et des rouges bien ronds au caractère méditerranéen.

Richard MARQUET

Sud-Ouest: Article paru le 18 octobre 2003 (page 4)

Les Landes à Paris

Vignerons Landais. Comme chaque année, le troisième jeudi d'octobre marque la sortie nationale des primeurs vins de pays. Depuis jeudi 16 octobre, la Cave coopérative des Vignerons de Tursan - Chalosse a mis en place ses vins de pays primeurs 2003, dans la grande distribution, les cafés, les hôtels, les restaurants et ses propres magasins de vente. Au total 40 000 bouteilles de Gailande, vin de pays des  Landes (Tursan) et de Coteaux de Chalosse, vin de pays de terroir landais, sont disponibles. La cave rappelle à cette occasion que ses vins sont sélectionnés et bien notés dans le Guide Hachette et le guide Dussert-Gerber.

Sud-Ouest: Article paru le 2 octobre 2003 (page 5)

Entente autour du zinc

DAX - MONT DE MARSAN. Deux bars, l'un dacquois, l'autre montois, ont décidé de se jumeler en organisant un repas pour le derby de samedi.

L'herbe verdoie tranquillement entre les poteaux, le silence de ce premier jour d'octobre n'est troublé que par le vent léger dans les feuilles dont les contours commencent à s'ourler de brun. Le soleil de l'après-midi chauffe le mur clair des tribunes, un lézard profite des derniers rayons pour lézarder. Grand calme au stade Maurice-Boyau.

Grand calme avant tempête. Parce que samedi à 18 h 30, l'herbe va roussir sous les crampons, les tribunes vont trembler, les feuilles vont voler et le lézard aura intérêt à rentrer vite fait dans son trou retrouver sa lézarde! Samedi ce sera LE match, la bourrasque, l'affrontement attendu entre les rouges et blancs et les jaunes et noirs. L'arbitre peut s'attendre à en voir de toutes les couleurs...

Les supporters des deux camps ne tarissent pas de commentaires sur les deux packs et pensent à ceux - de bière - qu'ils vont décapsuler après le match. "C'est sûr on leur fout 20 points" annonce un dacquois. "On va leur montrer comment on joue au rugby" dit en écho le montois...

Pendant ce temps là, prudemment, on engrange les fûts de bière dans les bistrots.

Dans l'esprit landais Au bar des Trois pigeons sur la place du même nom, entre deux demis qui ne sont pas de mêlée, on prépare aussi quelques flacons de tursan. Et pour cause: le patron, Pierre Sallefranque, il y a quelques semaines - c'était pendant les fêtes de la Madeleine montoise - imaginait avec son confrère du bar Saint-Roch à Mont de  Marsan, Régis Dandréas un ... jumelage entre les deux bistrots. "On se retrouve souvent entre copains le  samedi pour déjeuner et regarder le match à la télé, explique Régis Dandréas et comme Pierre fait la même chose chez lui, on a pensé que pour le match Dax - Mont de Marsan, on pouvait tous se retrouver d'abord autour d'une bonne table". Indispensable terrain d'entente!

Samedi à midi, un bus va déposer aux Trois Pigeons, dix-sept supporters montois qui déjeuneront avec une vingtaine de supporters de l'USD. Après un repas léger (omelette aux cèpes, poulet - piperade, fromage, pastis landais) arrosé de tursan offert - comme le reste du repas - par la Cave des Vignerons Landais. "Nous sommes ravis de nous associer à cet échange, bien dans l'esprit landais" estime pour sa part Jacques Lafenêtre, vice-président de la cave de Tursan qui mardi soir avec Michel Lottin, de l'activité restauration de la cave et Bernard Cerda, chef des ventes, étaient venus livrer quelques bouteilles en prévision des agapes. Quelques joueurs de l'USD, accompagnés de Patrice Labeyrie étaient venus vérifier le bon déroulement des opérations...

Samedi, après le repas, les commensaux transformeront l'essai en assistant au match. "Toute la journée, on va jouer groupé" comme Régis Dandréas chargé d'organiser le "match" retour en mars prochain à Mont de Marsan. Par la même occasion, il n'est pas exclu que l'on goûte la cuvée tursan 2003.

Didier PIGANEAU

.../... " Aux confins des Landes, de la Gascogne et du Béarn, les vins de Tursan sont connus depuis l'Antiquité et ont gardé leur très ancienne culture. Les vins blancs sont secs, fruités et nerveux. Les rouges charpentés et fins, VDQS depuis 1958 " .../...